Des travailleurs de la santé s’indignent sur les réseaux sociaux

Une docteure et une infirmière ont publié sur Facebook des publications qui ont connu un vif succès. La publication de dr Amélie Boisclair a généré rien de moins que 84 000 partages.

Voici l’intégrale de la publication de Mme Boisclair

Salut Justin,

Là , c’est assez.

Ça fait 10 mois qu’on vit un calvaire. Non seulement on traite de pauvres gens très malades, mais en plus, on a toujours la crainte de tomber malade nous aussi.

Voici mon sud à moi. Tu vas voir, je rayonne. Voici ma face après des heures de N95. Ce ne sont pas des coups de soleil, mais des plaies.

Voici la sueur d’avoir passé un bon moment en suit imperméables. On avait fait quoi ce jour-là? Intubation? Broncho? Trachéo? Réanimation? Je ne sais plus. Ce n’était pas parce qu’on dansait la lambada.

Voici le suit de travail qu’on met pour éviter de se contaminer. Tse, mine de rien, ce n’est pas si simple à gérer de prendre soin de malade et de toujours espérer ne pas tomber malade à son tour… ou contaminer quelqu’un que j’aime ou alors un autre patient.

Devine qui a besoin de vacances??? TOUT le monde.

J’aimerais avoir des explications. Pis des excuses. Et un retrait de cette décision absurde.

Cordialement.

Amélie Boisclair

Médecin de soins intensifs en zone covid depuis mars.

Et de l’ensemble du réseau de la santé et de tous ceux qui souffrent de cette pandémie et qui respectent les consignes de la santé publique.

Ps: j’encourage tous ceux qui souffrent de cette pandémie, mais qui respectent malgré tout les consignes de la santé publique (merciiiiii à vous!!!!!) À écrire un message semblable et à écrire à vos députés fédéraux votre indignation.

Une infirmière en ajoute

Pour sa part, l’infirmière Roxanne Leclair O’brien, a confirmé également que la situation actuelle ne pouvait plus continuer longtemps. Voici sa publication

L’infirmière qui en a plein son masque.

Salut, c’était cool tes vacances dans le sud?

Ouais, je comprends que c’est rough la pandémie et que tu avais besoin du soleil pour t’éviter une dépression. Je voudrais bien te dire que je te comprends et que c’était une bonne idée afin de t’aider avec tes petits problèmes, mais je n’en suis pas capable.

Savais-tu que cette pandémie-là, la

même que toi tu vis à distance moi je la

côtoie à chaque jour.

Je l’ai dans la face, je l’ai sur mon scrub, elle me tousse au visage. Loin de moi l’idée de minimiser ton humeur dépressive ou ton besoin immédiat de bien-être mental, mais sache que moi je n’en ai pas de vacances.

À vrai dire, je n’ai encore moins de conditions de vie que de possibilités de vacances. Tu vas me dire que j’ai choisi ma profession oui en effet mais, aussi noble soit-elle ma profession, elle empêche les 70 000 autres infirmières du réseau de santé du Québec et moi-même d’avoir une vie comme la tienne parce qu’on m’exige d’être au front depuis le début. Parce qu’on m’enlève mes droits au nom de la population, on m’enlève mon temps au nom de vous tous, on m’enlève à ma famille au nom de la santé, on m’enlève ma liberté au nom de la Covid. Pourtant je ne suis juste qu’une infirmière, un ange comme vous aimez ça nous appeler. Je vais te dire une chose, nous ne sommes pas des anges, nous sommes des femmes et des hommes fort(e)s qui adorent notre métier tant qu’on ne nous l’enfonce pas dans la gorge au nom des gens qui profitent de nous, qui nous prennent pour acquis et qui, par tes photos en bikini sur le bord de la beach, rient de nous.

Sur ce, bonnes vacances j’espère qu’elles te donneront le temps de réfléchir. J’ai hâte aux miennes avec ma famille.

Roxanne L

 

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